Premier opus : Le Marteau, les Fils et la Reine

Savid regardait toujours en souriant l'incroyable dôme qui leur faisait face à mesure qu'ils s'en rapprochaient. Elle resta en arrière lorsque le chef de garde en face d'eux les apostropha, et se prit même à froncer les sourcils, passablement énervée par le comportement irrespectueux de Zan face à ces hommes qui ne faisaient que leur travail. Même si elle devait admettre que le chef était pas mal bourru quand même.
Voyant que la situation n'était pas partie pour s'arranger, elle éleva la voix.

Sav' : Ces hommes ne font que leur boulot Zan, rien ne sert de les menacer. Et ils peuvent parfaitement t'aligner sans discuter. Nous devrions reculer avant que des coups ne partent inopinément.

Zrakhen se rapprocha du chef des gardes.

Zrakhen : Il n'y a pas moyen de négocier ? Un peu d'argent pourra sans doute vous faire changer d'avis ?

Chef : *à Zrakhen* J'ai dit vous n'entrez pas. Gardez le, vot' fric. Et pis d'ailleurs, on a pas l'même ici. Alors le votre, 'pouvez bien vous torcher avec. D'vriez tous écouter la seule personne qu'on dirait qu'a un peu d'sens, et aller traîner vos bottes loin d'ici.

Soudain, le chef se rengorgea, pensant prendre le dessus, et choisit d'être stupide en s'adressant à Zan.

Chef : Et pis ton pote là, pourquoi tu l'défends comme ça ? L'est pas assez grand pour parler comme un homme ? Ou il a juste plus de cervelle qu'toi ? V'zaut' vermines, d'vrez tous être abattus comme des chiens. Et toi en dernier, grande gueule, t'auras l'droit d'regarder tous tes potes crever, et on f'ra passer l'argenté en premier. *désigne Vanyel du bout de son canon*
Zan : *se démène* J'vais t'faire avaler cette saloperie de langue, cafard ! Va tellement déguster qu'après tu pourras plus qu'ramper pour déplacer cette foutue carcasse !

Zan se dégagea des mains de Vanyel, et bondit sur le milicien. Les arbalètes suivirent le mouvement, mais ne tirèrent pas. Une décharge du fusil à énergie partit, mais elle se perdit dans l'azur du ciel, ratant sa cible de loin. Le haut-elfe empoigna le cou du chef et le précipita à terre, chutant avec lui. Il lui écrasa de sa botte la main qui tenait le fusil, rageur. L'elfe de la nuit hurla et lâcha l'arme, essayant de se protéger de la grêle de coups de poings qui pleuvait sur lui, et particulièrement sur son visage. Les coups de poings se faisaient de plus en plus forts, de plus en plus lourds, et le garde subissait les conséquences de son manque de politesse. Au moment où un os craquait, les gardes firent tous deux pas en avant, l'air toujours aussi fixe, malgré leurs arbalètes pointées sur Zan.

Vanyel : ... Ben ? Ils tirent pas ?
Zan : Nan, ils savent aussi que c'est un connard !
Vanyel : Ils ont subi un lavage de cerveau pourtant, ils sont sensés obéir à tout ordre...
? : ça, c'est parce qu'ils ont reçu un autre ordre.
Vanyel : Hm ?
Zan : *met un dernier coup de poing avant de se lever, piétinant le type estourbi, qui n'arrive pas à articuler grand chose* Qui parle ici quand je tape ?

Un tout petit type se tenait devant eux. Long nez, longues oreilles, regard un brin fourbe derrière une paire de petites lunettes rondes, et cette peau verte. Un gobelin. Il était attifé d'une tenue claire, une tenue sûrement très chère, et toute neuve. Une dent d'or brillait dans son sourire, des petites rides se dessinant lorsque les coins de ses lèvres s'étiraient vers le haut. Il n'était pas armé, ce qui semblait étrange, mais pas au vu de son rang. Il n'avait presque pas de cheveux.

Vanyel : Vous êtes qui ?
? : Attendez je vais vous poser une autre question, vous êtes envoyés par Karlan ?
Vanyel : Ouais.
? : Alors je suis celui que vous cherchez. Vous ne craignez rien maintenant, avec moi vous allez pouvoir entrer. *sourit* Je me nomme Droyn, mais peu de gens me connaissent par mon prénom ici.
Vanyel : 'chanté. Pour Zan...
Droyn : Ah, votre ami ? Bah, ne vous inquiétez pas, une bande de miliciens n'a rien à réclamer à des amis personnels, hm ? *adresse un clin d’œil à Zan, après avoir vu ses mains couvertes de sang* Et puis Ikan avait besoin qu'on le remette à sa place, peut-être sera-t-il plus aimable à présent. Alors, venez vous ?

Les gardes remirent leurs arbalètes à l'épaule, sages, immobiles comme des statues.

Reken : Vous voulez dire qu'on est vos amis et qu'on n'a pas le droit de nous jeter dehors?
Il fit de grands yeux : pour une fois qu'on n'essayait pas de le jeter de quelque part, même au village il était en marge.
Reken : Vous devez être fort non?

Zrakhen : Si on pouvais discuter dans un endroit plus... discret ?

Le groupe passa un genre de grande porte ouverte, avant de passer sous la bulle. Le passage faisait une sensation bizarre, comme si cette chose essayait à la fois de vous aspirer et de vous repousser.

Droyn, souriant à nouveau : Je me vois comme un bienfaiteur. Tout le monde est bienvenu ici, pourvu que vous ayez de quoi rivaliser avec les autres.
Vanyel : Tiens, c'est le contraire chez nous, on a plutôt intérêt à s'unir si on veut survivre.
Droyn : Votre condition est tristement connue, mais hélas la plupart des gens qui vivent ici affectent de ne même pas connaître l'existence d'un monde au-delà de leur petit monde à eux.
Zan : Mais quelle bande de crevards.
Vanyel : Tu as fait assez de dégâts pour aujourd'hui, Zan. Mais alors pourquoi nous aider ?
Droyn : Vous avez un but, vous êtes là pour une raison. Si je peux vous aider à obtenir ce que vous cherchez, alors je le ferais. Je pourrais vous loger -j'aurais bien la place pour vingt comme vous-, et vous protéger pendant que vous faites vos... recherches.

Le groupe se trouvait sur une immense place qui n'évoquait rien de très riche, mais qui portait assurément bien son surnom de "place du Fangier". Impossible d'en déterminer la taille, ni le nombre de bicoques miteuses qui y figuraient, et encore moins le nombre d'habitants, tant l'endroit s'étendait. Ils progressèrent ainsi sous les yeux des habitants une bonne poignée de minutes, avant d'apercevoir d'énormes constructions, consistant surtout en d'imposants piliers noirs, dont la base était usée par le temps (et la boue), mais dont la solidité était à toute épreuve. Ils suivaient Droyn en direction d'un genre de grande tour, qui s'élevait quasiment à perte de vue, bien au dessus même des piliers. Les gardes à l'entrée regardèrent le groupe d'un œil mauvais, mais les laissèrent passer. À l'intérieur de a chose qui s'avérait en fait être un ascenseur, le gobelin composa un long code sur une plaque, et les membres du groupe purent sentir la machine s'activer et monter de quelques étages. En sortant, ils se rendirent compte que cet endroit n'avait rien à voir avec le Fangier. Le terrain était aussi immense plat, comme s'il s'agissait vraiment du sol. On ne pouvait voir le "vrai" sol que si on s'approchait d'un bord, bien en dessous, sous une dizaine d'autres étages, de plus en plus riches à mesure qu'on montait. L'endroit était surprenant, surtout par toute la verdure. Par endroits, on aurait même pu penser être dans un genre de forêt, l'entretien en plus. Ça et là étaient disposées plusieurs villas, pas très nombreuses, mais toutes plutôt grandes. Celle de Droyn, plutôt bien placée, n'avait rien à envier aux autres. Piscine(s), tableaux de maîtres, bibliothèque défiant la logique, grands et petits salons, tout y était, ainsi que forces fresques et fontaines de plus ou moins bon goût, mais luxueuses nonobstant.

Droyn : Voilà, c'est là que j'habite, et là que vous serez logés.
Vanyel : *petit sifflement admiratif* Bah mon vieux...
Zan : Van, c'est quoi ces trucs ?! *désigne une petite chose poilue dotée d'oreilles pointues et de moustaches, et qui fait "miaou"*
Vanyel : Je sais pas, mais ça doit avoir un certain pouvoir.
Droyn : Vous n'avez pas idée. Allez vous installer, vos chambres sont au premier étage, après le couloir de droite. Si vous vous perdez je pense qu'il y aura l'un ou l'autre domestique pour vous aiguiller.

("Un certain pouvoir"....

BEWARE:

)

Reken :*tire sur la manche de Droyn* Dites... Euh, on devra faire que'qu'chose pour vous rembourser?

Droyn sourit, dévoilant sa denture dorée.

Droyn : Me rembourser pas vraiment, j'aide les amis de mes amis avec grand plaisir par contre... *marque une pause* Je vais devoir vous fournir une couverture, pour que personne ne se prenne l'envie de fouiner pour découvrir les raisons de votre présence. Les "immigrants" sont très surveillés, ici. Mais nous en reparlerons au dîner, ce soir.

Il chaloupa ensuite jusqu'à son bureau personnel, laissant aux gens le temps de s'installer, et éventuellement de se faire une petite toilette, après avoir convenu un rendez-vous dans la grande salle pour le dîner.

Pendant ce temps, Vanyel et Zan découvraient leur chambre séparées. Zan blagua à propos de percer le mur au marteau-piqueur, Vanyel leva les yeux au ciel en soupirant, puis ils s'installèrent chacun dans leurs quartiers respectifs.

Après que Droyn soit parti...

Reken : Je crois qu'on va devoir se colletiner un travail. Bon... J'ai des trucs à remonter *part en direction d'une chambre*

Zan redescendit le premier, ce qui n'était pas forcément une bonne idée, mais il avait l'air plutôt de bonne humeur, grâce à l'endroit où ils se trouvaient, et à son bras tout neuf. Il avait consenti à se laver, probablement avec un petit coup derrière la tête pour le décider. Il repoussa rudement les divers domestiques qui venaient s'enquérir de ses besoins, même celles qui étaient habillés très court, quoi qu'avec quelques hésitations, et alla s'assoir dans un coin, en attendant que le reste des gens débarque. Vanyel ne fut pas long à descendre à son tour, lui aussi fraichement lavé et portant des vêtements qui se trouvaient dans sa chambre à son arrivée, d'un blanc immaculé. Ses longs cheveux argentés étaient attachés en une tresse, et un sourire fier ornait son visage. Il alla rejoindre Zan (et les autres ?) qui se trouvai(en)t déjà en bas, tout en admirant au passage la décoration. Droyn n'était pas encore de retour.

Zan : Alors chef, c'est quoi le plan maintenant ?
Vanyel : M'appelle pas "chef". Notre hôte va nous fournir une couverture pour qu'on puisse effectuer nos recherches tranquillement. De là, on sait qu'il faut qu'on aille dans une bibliothèque, donc un de ces boulots inclura forcément l'obligation de s'y rendre, sinon on nous laissera pas y aller.
Zan : Hm hm.
Vanyel : Là-dedans, on va chercher des renseignements sur les Templiers, et si jamais on peut espérer un miracle, peut-être sur le moyen de s'en débarrasse. Faut aussi qu'on ramène un bouquin aux adorateurs des Anciens, là, tu comprends, ils nous ont accueillis et ils nous ont permis de venir ici sans encombres, alors on leur doit bien une petite contrepartie.
Zan : Mouais, mais, dans des livres ?
Vanyel : ... Ben, ouais, des livres, ouais.
Zan : Mais tu sais lire toi ?
Vanyel : *geste hésitant genre "comme-ci comme-ça"*
Zan : *air gêné*

Après un moment passée dans la bibliothèque de la villa, et voyant l'heure du dîner approcher, Savid referma le livre qu'elle avait sous les yeux, ainsi que la dizaine d'autres qui trainaient ouvert sur une table basse devant elle. Elle les remit tous soigneusement là où elle les avait emprunté, excepté celui qu'elle parcourait, qu'elle garda sous le bras.
Sortant de la bibliothèque, elle se fia aux voix des autres pour les rejoindre. Elle s'arrêta en haut de l'escalier central, une main sur la rambarde, regardant en contre-bas qui était déjà là pour apercevoir Zan et Vanyel assis.
En parfaite petite noble, elle se fondait dans le décor de la maison tout en parvenant à en "ressortir" avec prestance. La longue robe qu'elle portait, aux manches serrées lui tombant sur les mains et dénudée sur les épaules, formant ainsi des bretelles, resserrée par un serre taille vert brodé de noir, arborée un nuancé de vert éclatant qui relevait la blondeur de ses mèches de cheveux s'échappant habilement d'un chignon soigné et attaché de discrètes épingles scintillantes. Le voile de la robe voltigea derrière elle lorsqu'elle descendit les marches pour s'approcher des garçons.

N'aillant aucunes connaissances de la discussion qu'ils venaient d'avoir, elle leva le livre entre ses deux mains devant elle, avec un magnifique sourire en s'exclamant :

Sav' : Ce livre est fantastique, il recèle d'histoires en tout genres sur notre monde! J'en ai parcouru des dizaines d'autres, la bibliothèque de notre hôte est fabuleuse, mais c'est le plus épais de tous, et le plus intéressant! Vous devriez vraiment y jeter un coup d’œil! Quelle chance nous avons d'être ici!

Pendant qu'elle descendait les marches, les deux la regardaient avidement, ne loupant pas une miette de son arrivée, et interrompant leur conversation. Zan et Vanyel s'entre regardèrent, Zan prenant un air matois, et Vanyel laissant flotter un petit sourire amusé.

Vanyel : Chance, en effet. C'est fou ce que vous vous intégrez remarquablement chez notre hôte, ma dame, on croirait presque que vous êtes née ici.
Zan : Oh l'autre, comme t'es lourd.
Vanyel : Hé, je dis juste ce que je pense ! Mais à part ça, je crois que votre aide sera providentielle, Savid. Vous semblez être la seule à pouvoir lire, pour l'instant. *sourire désolé*

Savid rougit en serrant le livre contre elle, songeant qu'elle allait devoir se méfier. Même si c'était dur de refouler sa condition, surtout dans cet environnement.

Sav' : Que je suis née ici? Oh voyons, vous n'y pensez pas. Euh, je veux dire, c'est stupide... Enfin...

Elle baissa les yeux sur le volume, en se disant qu'elle ne devait pas être convaincante du tout, mais releva le menton tout de même pour ne pas se laisser déstabiliser.

Sav' : La lecture m'a toujours passionné, alors je serais heureuse de pouvoir rendre service s'il s'agit d'informations à trouver. Il est triste que vous passiez à côté d'une telle chose..!

Vanyel haussa un sourcil, un peu surpris par la réaction de Savid, comme quelqu'un qui prendrait un peu trop littéralement une remarque qui ne l'est pas.

Vanyel : Eh bien, heu, tant mieux si en plus vous aimez la lecture.
Zan : *regardant un tableau de maître d'un air ennuyé* Apparemment on va avoir de la recherche à faire, dans des bouquins.
Vanyel : C'est même pour ça qu'on est ici, j'te ferais dire.
Zan : ça sait prendre un ascenseur, les templiers ?
Vanyel : Je doute que ça sache appuyer sur des boutons, mais au pire ça défonce tout... C'est pas la question. On attend notre hôte, qui va nous donner les directives pour être en sécurité ici le temps qu'il faudra.
Zan : Ouais, nos boulots quoi.
Vanyel : À ce propos, personne n'a vu les deux autres ?
Zan : La dernière fois que j'ai vu Reken, il était en train de s'émerveiller sur son œil, qu'il a complètement démonté. Il est givré, c'type.
Vanyel : Et ?
Zan : Et quoi, ben c'est tout, il est parti le remonter, dans sa chambre peut-être.
Vanyel : *regardant les servants qui s'activent à mettre le couvert, tout en leur jetant des regards à la dérobée* En tout cas, on va bientôt passer à table.
Zan : Quoi qu'est-ce que tu veux qu'on avoue ?
Vanyel : Non je veux dire, le dîner sera bientôt prêt.
Zan : Tu crois qu'on doit avoir des bonnes manières ?
Vanyel : *roule des yeux*

Sav' : Il serait peut-être plus convenable pour ce soir de paraître un peu moins bourru, Mess-mon cher Zan.

Se disant, Savid regardait également les domestiques qui s'affairaient à la préparation, avant que son regard ne divague sur ses deux compagnons, tout deux agréable à regarder une fois lavé/habillé de frais.
Elle attendit patiemment le restant de la troupe en se baladant dans la grande salle d'une démarche légère, ses yeux émerveillés et curieux passant d'un tableau à l'autre. Certains lui évoquaient parfois quelque chose, comme un souvenir de les avoir déjà vu ailleurs, mais la plupart lui étaient tous inconnus.